mardi 2 septembre 2014

1 et 2 : Promesses et réalité

Avant de suivre mon chemin, jour après jour, je vous alléchais avec ce premier mail.
Après mon retour, je vous prévenais qu'entre promesses et réalité, j'avais... cheminé.

AVANT LE DÉPART :
Et l'an prochain, si Dieu le veut, un pays voisin !
Toujours la même phrase pour clore mes récits de voyage.
Une phrase ? Un leitmotiv ! Une prière !
Toujours la même invocation, toujours un pays "voisin" : après l'Iran, le Tadjikistan, et après le Tadjikistan, le Kirghizistan. Et maintenant ?
Et maintenant, l'Arménie !
Vous allez me dire que c'est la porte à côté, l'Arménie.
Vous allez me dire que c'est chrétien jusqu'au bout des ongles l'Arménie.
Vous allez me dire que c'est paisible après tant de souffrances, l'Arménie.
Vous allez me dire qu'elle s'est éteinte sous le joug soviétique, l'Arménie.
Iriez-vous jusqu'à dire que c'est banal, l'Arménie ?
Je vais vous prouver le contraire, jour après jour en Arménie :
- Que ce n'est pas la porte à côté puisque le fleuve Araxe, mythique oh combien !, la sépare de... l'Iran ! Oui, de l'Iran ! Vous me voyez venir.
- Que c'est chrétien, oui bien sûr, mais pérégriner de monastère en monastère quand l'Eglise y est "apostolique, orientale et autocéphale", pour mon âme qui plane (si elle existe), ça promet beaucoup de déraison. 
- Que c'est plutôt belliqueux, en guerre larvée avec le voisin azéri (pour ne pas parler du turc), et cerné de frontières interdites et irrésistibles (un pas, pas plus, promis !).
- Que rien n'y est sombre puisque le héros vénéré séduit les peintres, dont je suis, par son seul nom : Grégoire l'Illuminateur ! Promis, j'en reviendrai inspiré d'avoir été plus ou moins illuminé. (euh... encore plus illuminé, me disent-ils).
 
Parce que j'ai choisi la province la plus reculée, sur la frontière la plus contestée, je serai lustré aux eaux de lacs abandonnés, à celles de monastères intemporels, et je jetterai enfin un œil au-delà du fleuve Araxe !  
Au-delà du fleuve et des errances, je devinerai ces caravansérails sur la route de Tabriz, où, il y a longtemps, je balbutiais mes "salâm" sous leurs regards noirs.

Cliquez sur les photos pour les agrandir

APRÈS LE RETOUR :
Le matin, j'ai assisté à la cérémonie religieuse dans l'église Sourp Zoravor où m'avait envoyé ma logeuse, et ça n'a pas suffi.
J'ai promené son petit chien terrier australien à poils soyeux dans l'arrière-cour de l'immeuble, et ça n'a pas suffi.
Je suis retourné au "Vernissage" dépenser mes dernières drams pour la famille, et ça n'a pas suffi.
J'y ai cru pourtant.
Le taxi m'a amené à l'aéroport à l'heure dite pour le prix convenu.
Air Armenia n'était pas en grève, ça va de soi.
Le ciel était pâle et dégagé pour me saluer.
Mais arrivé à Paris, la queue pour les passeports s'éternisait, la douane s'en mêlait, l'autocar de Montparnasse passait par la gare de Lyon, les parisiens rentraient en bouchons de leur week-end, la SNCF était ponctuelle.
J'ai raté mon train...
Le suivant partait à minuit, 5h12 à Morlaix.
Je devais rester éveillé 25 heures.
Il n'y avait pas de bougies jaunes effilées dans la gare !
J'ai acheté " L'ultime secret du Christ " pour ne pas m'écrouler.
J'en ai lu la moitié.
Là-bas, en Arménie, je n'ai pas respecté mon programme, vous le saurez.
Vous rappelez-vous que je devais voir l'Araxe, le Catholicos, les frontières contestées, et Grégoire l'Illuminateur...
J'ai rencontré l'Iran, loin de la frontière.
J'ai rencontré l'Eglise, dans la solitude des monastères.
J'ai rencontré la guerre, dans les cimetières.
J'ai rencontré l'illumination, dans les enluminures.
De tout cela et de bien d'autres mondes, je vous parlerai, comme je l'ai déjà fait, au jour le jour, quand j'aurai retrouvé mes esprits.
Je ne sais si mes esprits s'en sont allés sur le Mont Ararat, avec la fumée des bougies, mes kilos oui.

Derrière Yérévan, le Mont Ararat : 5165 mètres.

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