mercredi 24 septembre 2014

24 : Chez moi !

J'écrivais :
Le minibus pour Yérévan m'attendait, je le trouve du premier coup, (en réalité, j'ai demandé deux fois mon chemin, mais par contre je n'ai pas eu à revenir sur mes pas, donc, oui, du premier coup) : 600 drams soit 1,1 euro pour 54 kilomètres. 
"Du premier coup", ceux qui vont pèleriner dans ces pays savent que ce n'est pas monnaie courante, même en drams. A l'arrivée en lointaine banlieue de Yérévan, à des kilomètres du centre (9 exactement), je vais suivre la foule et trouver "du premier coup" le bus qui mène à l'opéra (Vrai de vrai !). Bravo pour la débrouillardise, sauf que c'est 100 drams cette fois, 0,20 euros.
(Il n'y avait aucune raison d'utiliser cette locution "sauf que" d'autant que le prix est proportionnellement moins cher qu'en minibus, à moins de le rapporter au nombre de passagers).
Il me dépose comme convenu à l'opéra, à deux pas du B&B que j'ai choisi en plein centre (parce qu'il est moins onéreux et probablement plus sympathique qu'un hôtel). 
Oui ! Anahit Stépanyan a bien un lit pour moi, sur la terrasse couverte si je veux être seul. (Après avoir dormi en tente loin de la civilisation, retrouver les étoiles la tête sur l'oreiller alors qu'on est en ville, ça ne se refuse pas). 
A l'air libre, je dormirai comme un ange auréolé de toutes ces bougies effilées que j'ai brûlées après avoir ahané à leur recherche. Au matin je verrai les étoiles pâlir quand le mont Ararat commencera à scintiller. (Mais je ne le verrai pas de mon lit, il est de l'autre côté de l'immeuble).


L'adresse du B&B est le 5 avenue Sayat-Nova. A Yérévan le nom des avenues est précisé à chaque carrefour dans les deux alphabets arménien et latin. Tout le monde trouve son chemin "du premier coup". Bon, d'accord, je n'ai aucun mérite. Je précise quand même que j'ai trouvé la rue, le numéro 5, le nom d'Anahit, l'interphone, le bouton, j'ai seulement dit "frantsouz" pour que la porte s'ouvre, j'ai cru comprendre "go to the top". Les quatre étages en valent huit, avec 3 mètres 80 sous plafond, j'y suis arrivé du premier coup. J'étais plein d'espoir, souriant, pas essoufflé, l'accueil en anglais fut so kind, so nice.


Sayat-Nova, le roi des chansons,
est un troubadour arménien du XVIIIème siècle.


L'appartement d'Anahit est situé au quatrième étage d'un très bel immeuble typique de Yérévan avec ses pilastres, ses arcades, sa corniche et sa façade de tuf rose polychrome qui se réfléchissent dans le bassin du parc où trône l'opéra.
J'ai encadré d'un ovale blanc les fenêtres du salon.

Sur l'autre façade, au soleil levant, allongé dans mon lit
je domine les toits voisins et la cime des peupliers.


Voici mon lit sur cette terrasse largement ouverte
où je vais passer quatre nuits.
J'y dormirai à poings fermés sous un ciel limpide
et une température idéale.
Anahit va s'inquiéter quand je refuserai une couverture car
"You sleep so deeply you do not feel the cold nights"

 
A deux pas, l'Opéra en basalte gris
s'ouvre sur la place de la Liberté
où ont lieu les manifestations politiques
depuis la fin des années 80. 

Le père d'Anahit a participé au décor sculpté de l'Opéra,
mais j'ai compris qu'il était responsable
de masques et non de ce type de frise.


Anahit Stépanyan m'a donné des leçons d'anglais car elle n'aime pas parler français. Elle est polyglotte, s'exprimant en arménien, russe, anglais, italien... et français s'il le faut.
Ce fut le cas avec ses hôtes les plus charmants, un couple français de 80 ans. Avec elle, j'ai enfin appris à prononcer différemment "I leave" et "I live".


Le père d'Anahit, Souren Stépanyan, est un peintre-sculpteur
qui a eu une belle carrière.
J'ai eu le coup de foudre
pour ses œuvres exposées dans le salon.

 







Au Tadjikistan et au Kirghizistan, j'ai rencontré des écrivains.
En Arménie je découvre un peintre.
Les voyages m'offrent les surprises idéales.

Je coupe la journée en deux,
au prochain chapitre nous sortirons de l'appartement
pour découvrir la "Cascade".

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