lundi 8 septembre 2014

8 : Un chevalier m'héberge


Voici, à gauche sur la paroi rocheuse, le sentier en encorbellement qui psalmodie son leitmotiv dans ma tête :
"Reste attentif ! Reste attentif ! Reste attentif !". 
Si je tombe, le sac fera amortisseur pour une fois, je survivrai sans doute intact, mais dans le cas contraire, qui viendra me chercher ? Vous ?

Bon, je suis intact, et encore assez fringant...

 

Après un passage à gué, me voici sur une plage ! Le sable garde les traces d'un château qui a eu toutes les caractéristiques architecturales de ceux que Valentin et moi avons bâtis l'été dernier sur la Grande Grève. Que n'es-tu là avec moi, Valentin, nous aurions relevé ces ruines !

 

Je suis hélé par delà le lac, et guidé dans les méandres pour rejoindre deux compagnons auxquels, sans savoir comment dans notre langage de Cro Magnon, j'aurais lancé, semble-t-il, un défi pour une traversée à la nage. Quand tout le monde est de bonne volonté, les difficultés de conversation ont ceci de bon qu'elles aboutissent facilement à des quiproquo qui dépassent l'imagination. J'en suis, bien sûr, très réjoui, ce sera une belle compétition dans des eaux verdâtres à souhait, certainement grouillantes de vie, très bonnes pour le dos ! Un mail l'a révélé.

Ce n'est pas mon âme qui plane, c'est moi qui plonge :
Je parle de natation !
Le long du Vorotan, j'ai conversé avec un gars de 42 ans qui a eu du mal à porter mon sac (quelle rengaine !). Notre conversation partant dans tous les sens, moi dans l'un, lui dans l'autre, et inversement pour être poli, chacun de nous est convaincu que l'autre ne sait pas nager.
Nous sommes devant une mare, un vrai petit lac, vert, opaque, aux berges vasouillardes. C'en est trop pour notre honneur, nous voila en slip (non, en boxer tous les deux !).
Il plonge, et ressort en Méduse, tout coiffé de végétation luxuriante. Je pars les pieds dans la boue, sur le dos, franchit allègrement l'obstacle. Il est très surpris quand je nage plus vite que lui, et je le suis car il nage lui aussi, et je sais que son pays n'a pas de rivage maritime. 




Après notre exploit !


J'ai repris mon chemin avec mes nouveaux compagnons qui portent mon sac à tour de rôle, Merci ! Nous montons vers le village de Harjis où ils demeurent, et dominons maintenant notre piscine olympique. A mi-hauteur, je vais redescendre vers la rivière : pour rejoindre Tatev sur la crête opposée, il existe un sentier balisé ! Voilà les dénivelés cumulés :

Le trajet de la journée avec son profil sur Google-earth.
13 km seulement
Je rappelle que vous pouvez cliquer sur les photos.


Au creux de la vallée, m'attend une surprise comme je les aime : celles qui font l'intérêt des déambulations hasardeuses. Un petit mausolée ruiné, qui ne figure sur aucune de mes cartes, va m'offrir une ombre réconfortante à l'heure où le soleil m'éprouve par 30° Celsius. Il abrite un somptueux sarcophage sculpté sur lequel figure un cavalier qui chasse... le lion ! Je fabule sur un prince aussi vaillant que courtois aux premiers siècles de la Chrétienté, et nous partageons ma collation, lui buvant à son hanap et moi mâchouillant ma barre de céréales.



Les découvertes architecturales imprévues et gratifiantes se poursuivent avec ce pont arachnéen qui va supporter mon poids léger et celui, lourd, de mon sac, pour m'ouvrir les portes d'une ascension infinie dans la forêt. 



Infinie, c'est le cas de le dire quand vous en voyez les premiers pas dessinés sur cette photo, puis la vue plongeante, au tiers de la hauteur, sur le mausolée du chevalier.


Le sentier est balisé pour la descente, non pour la montée, je vais manquer un embranchement et me perdre dans la forêt de feuillus. Rien n'entamera mon moral après cette radieuse journée, je ferai demi-tour demain pour retrouver le bon chemin, le feu crépite, la tente idéale est horizontale, je suis vanné. 
Mon premier sommeil va être surpris par un cri strident et le heurt froufroutant de la tente par un oiseau, sinon par quoi ? Une chouette me disent mes déductions rassurantes. Je vais très bien dormir.

 

Je rêve et revois les eaux du lac en chantonnant  :
"How can you swim when the waters are streaming in you ?"
Comment peux-tu nager
quand c'est en toi que ruissellent les eaux ?
Les mots d'Asaf s'adaptent à mon état d'esprit.







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