dimanche 21 septembre 2014

21 : La perle d'Arménie

J'ai choisi un nouvel objectif très prisé, le lac Sévan,
" la Perle de l'Arménie ".

A 1900 mètres d'altitude, long de 80 km, profond de 80 mètres, le lac Sévan est un grand lac d'eau douce, qui a failli subir le sort de la mer d'Aral, perdant 19 mètres de profondeur sous les soviétiques qui ont multiplié les centrales hydro-électriques. La centrale nucléaire de Medzamor en remplace  maintenant une partie, permettant l'amorce d'une remonté des eaux, mais pose un cas de conscience aux écologistes.

Le lac Sévan, c'est deux fois et demie le lac Léman.

Pour m'y rendre je dois rejoindre la route nationale qui franchit le col de Selim à 2410 mètres d'altitude. 
D'après les dires de Zénik, je pouvais quitter le monastère par le nord et atteindre tranquillement une petite route qui me conduirait à la nationale : ça n'a pas manqué, j'ai dû faire demi-tour au bout de deux km, toute trace de chemin s'étant évanouie. J'ai pris alors la direction de l'ouest, me fiant au soleil, sans sortir ma boussole, j'étais sûr de croiser la nationale. Tout à fait confiant, je suis ainsi parti à travers les vallons, puis les vergers, puis les vignes, puis les potagers, le paysage changeait du tout au tout sous le soleil. Cheminer en dehors des chemins, à l'instinct, sans autre guide que le soleil, voilà la version idéale de la randonnée.

Les faubourgs de Yékhegnadzor, au sud, 
où l'option asphalte et la certitude de la route bien définie 
me tendaient les bras.

 

Plein ouest, au petit bonheur, là où la tranquillité 
et les cultivateurs me tendaient encore mieux leurs bras, 
chargés de petites pêches douces pour les seconds. 


Ils s'activaient dans leur potager.
C'est chargé de quatre concombres que je les quitte.

Je ne me suis pas perdu, je tombe sur la route nationale que je vais devoir suivre sur 45 km. il n'y a pas beaucoup de trafic aujourd'hui dimanche, mais j'espère être pris en stop car non seulement j'ai retrouvé l'asphalte sans échappatoire, mais en plus le paysage va devenir aride et austère en prenant de l'altitude. Je vais donc me pomponner dans la rivière, bain immergé et lessive qui sèche pendant que je laisse mon épiderme au soleil. Je serai présentable sur le bord de la route.


Après avoir marché 4 ou 5 km, j'approche d'une voiture arrêtée et j'applique la technique qui a fait ses preuves :
Vous allez à Martouni sur le lac ? Moi aussi !
Hop, je suis assis à l'arrière aux côtés d'un mastodonte qui a embarqué mon sac comme un fétu.
Je ne regrette pas d'avoir été paresseux : l'ascension sur les lacets est interminable même en voiture, le paysage est redevenu gris, et quelques gouttes constellent le pare-brise dans les bourrasques du vent. 
Mon chauffeur va faire un gros détour le long du lac pour me trouver un endroit où camper. Je finis par comprendre qu'il cherche un vrai camping, et j'insiste pour qu'il me dépose n'importe où, malgré ses réticences, car la nuit tombe déjà.


Il n'y a pas d'accès facile au lac, je vais suivre les sinuosité d'un ruisseau qui traverse une forêt d'argousiers presque fluorescents dans la lumière du soir, et je vais finalement buter sur un confluent. Là une prairie sera le sol idéal pour ma tente. Je passerai à gué demain au jour. Je construis, vite fait, mon foyer. Le feu prend sans peine. A 2000 mètres, sur ce haut plateau venté, il fait froid. Je mange. Je dors emmitouflé.




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