samedi 27 septembre 2014

27 : Tsariste, soviétique, contemporaine

Après les églises et les monuments, aujourd'hui je vous emmène visiter en ville, les immeubles d'époques différentes, les bâtiments officiels, les parcs, les statues et les jeux d'eaux.
En septembre sous le soleil la température est idéale pour se promener en chemise. J'ai beaucoup aimé Yérévan dont le centre de dimensions modestes permet facilement d'être parcouru à pied selon l'inspiration.


Yérévan est une ville en plein chambardement : vous lisez sur la photo le slogan qui clame que la modernisation ne doit pas s'effectuer au détriment des bâtiments historiques. L'interprétation de ce respect du passé peut sembler assez fantaisiste quand on découvre les chantiers.

 L'un des derniers immeubles intacts des années 1910-1915.

A part la mosquée bleue, les vestiges de la ville persane ont pratiquement disparu. Les plus anciens immeubles datent des dernières années de l'époque tsariste, le début du XX ème siècle. De style "nikolaïski", beaux et sévères, ils sont bâtis en tuf gris foncé dont la couleur tranche sur leur voisinage rose ou orangé. Pour moderniser le bâtiment, les pierres de l'époque coloniale russe sont numérotées une à une avant démolition puis plaquées respectueusement sur les nouveaux murs. L'aspect dans la rue est ainsi préservé. 
Il y a quand même un hic : Les immeubles modernes se doivent d'être hauts. Ils n'ont aucun scrupule à écraser de leurs façades plus élevées leurs vénérables ancêtres dans un style contemporain agressivement différent. C'est que le vénérable ancêtre n'a jamais plus de trois niveaux, ce qui n'est certainement pas rentable. Le résultat de cette superposition est rarement heureux.


Quand le verre prend le relai : 
architecture tsariste, soviétique et contemporaine. 
Pas si mal ! 
Dommage que les baies vitrées aient été "rectifiées" 
au second étage.


Là, l'ensemble est hideux à mes yeux. 
Imaginons le sans la couleur rose, 
ni les jardinières, ni les colonnes... 
Les pierres grises sont encore numérotées. 
C'est bien daté 2014 !

Heureusement, en Arménie les constructions soviétiques ne respectent pas les diktats de l'empire. La patte arménienne les a transfigurées, et donne tout son charme à Yérévan. Sur un schéma qui associe tuf, plein cintre, balcons, corniches et frises, tous les immeubles se différencient. Dans cet écrin raffiné, les avenues se parent d'arbres et de vignes qui grimpent à l'assaut des murs.  
Yérévan est vraiment une très belle ville !






De nombreux immeubles sont percés d'un passage menant aux arrière-cours qui peuvent tenir lieu de jardins. Ces passages où se tiennent souvent des échoppes sont toujours décorés de fresques colorées. Sur cette photo, un autre passage ensoleillé donne sur le trottoir opposé.



Les chantiers spectaculaires pullulent : les trois niveaux nikolaïski ne sont plus qu'un souvenir pour les architectes contemporains, mais le tuf, les arches, les corniches sont toujours là sur des hauteurs qui font impression par le nombre d'étages. Surtout si l'on ignore que la hauteur sous plafond a diminué de moitié.




J'ai été surpris par l'absence de règles de sécurité sur ce chantier ouvert au public. Les piétons déambulent au milieu des ouvriers, des matériaux, des machines, de la poussière et du tintamarre. Les vitrines luxueuses ont déjà ouvert leurs portes aux marques renommées de toute la planète
Cette avenue toute neuve se veut prestigieuse. Elle a été percée récemment pour réunir les deux grandes places de la ville du nord au sud. Comme il se doit elle a été baptisée l'Avenue du Nord et relie l'opéra sur la place de la Liberté aux ministères et aux musées sur la place de la République.


Les avenues  sont arborées et mènent aux nombreux parcs boisés où vous trouverez toujours un banc à l'ombre pour pique-niquer d'un chausson au fromage, aux légumes, à la saucisse, en écoutant les musiciens. Les musiciens ont parfois un piano en plein air qui les attend à vos côtés, et jouent à deux ou quatre mains.

 Voici le jardin des amoureux.

 Voici l'allée aux 2700 fontaines 
qui ont célébré l'anniversaire de la ville : 
une fontaine par année !



Les feux tricolores sont équipés d'un minuteur qui décompte le temps d'attente puis le temps de passage de façon très pratique. En ville les conducteurs sont très disciplinés. L’omniprésence de la police explique-t-elle cela ?

Ces jeunes garçons menaient une partie d'échecs acharnée. Ils surent se faire respecter quand un groupe voulut être photographié au milieu des pièces en les bousculant.



Je vous emmène maintenant place de la République. 
C'est une large place ovale de 14.000 mètres carrés 
dont Alexandre Tamanian a dressé les plans en 1924. 
Par son architecture, son rôle politique,
son animation favorisée par les bassins et les bancs accueillants,
elle est emblématique de Yérévan.

Au nord : les ministères

 Au sud-est : le siège du gouvernement

 
Au sud : la Poste centrale


A l'est : les fontaines chantantes
devant le musée d'Histoire et la Galerie Nationale




Je n'ai pas de photos du Matenadaran, l'institut des manuscrits anciens, dont les vastes salles et les séduisantes vitrines regorgent de parchemins, palimpsestes et incunables uniques au monde : 300.000 documents dont 17.000 manuscrits. Certaines œuvres perdues d'auteurs antiques sont ainsi connues par leur seule traduction arménienne. Les nombreuses enluminures, si séduisantes, bénéficient d'une visite individuelle en français qui maintient bien l'attention. La jeune et charmante guide m'a appris un mot français qui désigne le commentaire biographique que le copiste ajoute au manuscrit. J'ai oublié ce mot : qui saura le retrouver ?
C'est Kaloun qui a su : le mot est "colophon", du grec κολοφών "achèvement, couronnement".


Il reste de vieux quartiers modestes 
aux abords même du centre-ville, 
où il serait possible de voir encore 
quelques pans des murs de la ville persane.

Demain, nous irons aux marchés.


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