vendredi 19 septembre 2014

19 : L'invitation des chevaux

En taxi collectif pour six passagers, je vais traverser le pays d'est en ouest et changer de province en espérant changer de climat.
Je dis adieu au Siunik et je vais découvrir le Vayots Dzor, et...
ses monastères.
La voiture est très confortable, le chauffeur est calme et pour une fois la musique est sirupeuse. Ma voisine est professeur d'anglais et de russe, elle est jeune, jolie, élégante et aimable. Je lui montre mes photos de famille et précise que Quentin est vraiment charmant. Elle rit, elle est "engaged" et se marie dans 15 jours...


Sur la route, nous passons devant l'église neuve de Vayk, qui aurait été financée par un "marchand d'armes". J'imagine qu'il était en quête d'indulgences... 
Mais, non, je suis trop sévère, le contexte guerrier de la fin du XXème siècle en a probablement fait un héros. 
Je ne sais plus quoi penser. Qu'en disent mes amis arméniens ?


Le taxi me dépose à l'embranchement de la route d'Areni, le soleil est là, je descends vers la rivière Arpa qui rejoindra l'Araxe après avoir traversé le Nakhitchevan. Le premier pont est tellement déglingué que je n'ose pas le franchir. J'avais été prévenu par un couple âgé et son âne, mais, bien sûr, il a fallu que j'aille voir le pont de mes yeux. Il existe un second pont beaucoup plus vaillant. 
L'église Sourp Asdvadzadzine, Sainte Mère de Dieu, domine le village, isolée sur son promontoire dénudé. Elle date du XIVème siècle. Je me précipite vers son ombre protectrice, avant même de contempler son décor sculpté.





La myriade de petites croix gravées dans la pierre traduit la vénération populaire pour le culte de la Croix. Toutes les églises anciennes en témoignent. Ainsi, les croix du fond de page sont celles du monastère de Spitakavor où je passerai bientôt la nuit.
Encore plus impressionnants sont les khatchkars, les "pierres à Croix", stèles dressées gravées d'une croix et d'un décor ornemental. Spécifiques de l'art arménien, ils incarnent la christologie de l'Eglise arménienne par un arbre de vie, symbole de la victoire sur la mort. Les khatchkars sont partout, je vous en montrerai plusieurs sur les rives du lac Sevan. En voici un :

  

Lumineuse sous le soleil radieux, c'est la première église dont je peux vous montrer l'intérieur en photo, et vous devinez la hauteur dont je vantais l'élan vertical à Sissian.


Je quitte l'église d'Areni pour le monastère de Noravank, l'un des plus célèbres d'Arménie. Il attire de nombreux fidèles arméniens, mais aussi beaucoup de touristes pour lesquels une route en cul-de-sac a été construite au fond de la vallée. J'ai décidé d'emprunter un chemin moins couru : je vais découvrir le monastère de très loin, en vue plongeante contrairement aux passagers des cars. Cette approche lente lui laisse tout le temps de m'apprivoiser, et je vais être séduit par son adéquation parfaite au cadre naturel qui lui sert d'écrin. 
Parce que mon appareil photo est aussi modeste que léger, vous risquez de vous perdre sur le cliché, et j'ai cerné le monastère en blanc pour vous.


Le monastère entre les deux chevaux bais.


Alors que je suis encore seul et tranquille, j'ai vécu l'invitation des chevaux, qui semblent m'accueillir pour découvrir le monastère, comme un moment privilégié et naturel.


Là aussi, il faut chercher le monastère 
sur l'autre versant de la vallée.

Puis il faut franchir la vallée, 
me voilà sur la route comme tout le monde.

Pour moi, c'est l'heure du pique-nique,
dans les bosquets où personne ne me rejoint.
Je vais couper la journée en deux.
Nous visiterons le monastère de près au chapitre suivant.

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