dimanche 28 septembre 2014

28 : Simple ivresse

Malgré l'asphalte, je ne monte pas dans le tramway : mon guide "Le petit futé" affirme qu'ils ont été supprimés. Je crois halluciner, même si je n'ai rien bu, le tramway est peut-être virtuel. 
(J'en profite pour préciser dès maintenant que "je ne tiens pas très bien l'alcool", mais vous l'avez sans doute déjà compris).
Bref, le tramway part sans moi.


Yves J. me fait remarquer que "Le petit futé" est plus précis que moi : ce n'est pas un tramway, c'est bel et bien un trolleybus !
Il faut croire que j'hallucine même sur les photos...

Près de la place de France, la statue du peintre le plus célèbre d'Arménie veille sur la galerie libre en plein air qui réunit, tous les jours, les exclus des salons de peinture. Martiros Saryan n'a pas le regard indulgent et il semble plutôt énervé. Le sculpteur lui insuffle un génie dynamique bien réussi.




 Voici un marché aux fruits et légumes.




Pour vous, sur la place de la Liberté hier devant l'Opéra, je me suis laissé aller aux confidences :
Il y a grandes démonstrations cet après-midi à Yérévan : parties de volley mixtes, démonstrations de judo, majorettes, patinettes et patins pour les enfants, et surtout DÉGUSTATIONS gratuites !
J'ai commencé modérément : jus de fruits variés, yaourts aux coloris chimiques, fromages en cubes, saucisses au chocolat, et... j'ai pensé à Yvon : j'ai tenté un verre de bière...
(petite pause)
Ce sont des verres en plastique, mais ce sont des contenances de chopes. Je n'ai pas dit "la moitié", je ne sais pas, j'ai eu ma chope.
Et j'ai pensé à Marie-Hélène qui ne veut pas que je boive un verre comme je mange une tablette de chocolat : d'un coup.
Je n'ai pas que ça à faire, je bois d'un coup habituellement.
Ici le soleil tape. C'est comme ça à Yérévan, m'a expliqué ma logeuse, tant qu'elle n'a pas de rendez-vous sentimental. Oui, dès qu'elle en a un, il se met à pleuvoir, ça veut dire que Dieu n'est pas d'accord. Il y a des signes dans la nature qui sont des avertissements divins.

Pas d'avertissement divin pour moi. Le soleil tape. 
C'est bon le soleil qui tape sur les buveurs d'alcool ?
Le Dieu de ma logeuse dit oui.
Marie-Hélène dit : tout doucement, tout doucement.
Le verre est grand, c'est long à boire, ça m'impatiente.
Je bois d'un coup.
...
Le ciel est un peu contrarié. Une pimbêche m'interpelle.
En quelle langue ?
Au stade où j'en suis, je traduis toutes les langues. Babel, pour moi, c'est du passé antédiluvien. J'ai des dons.
Elle me dit, alors que je suis assis, évidemment debout c'est plus la peine, elle me dit :
"C'est quoi, ces verres qui traînent vides autour de toi, c'est quoi ce bordel, c'est quoi cette décharge publique ?"
(Je précise que, titubant ou non, je n'avais aucune responsabilité personnelle dans ce "bordel").

Vous savez ça maintenant que les filles bien pomponnées sont sur talons aiguilles, robes moulantes au ras des fesses, longs cheveux brillants et rouge à lèvres comme une invitation.
"C'est quoi tout ça, ma chérie, mais, c'est la nonchalance à la française, le sans souci, la tête qui plane dans les vapeurs, et les fleurs qu'on effeuille, et Rimbaud et moi, et moi et Rimbaud..." 
La vie est belle à Yérévan.
Elle a regardé son mec, bien cintré comme en Iran dans sa chemise dont tous les boutons font des festons, ça ne risque pas de m'arriver, tout flotte autour de moi, et elle lui dit : 
"Prend de la graine, mon amour, les français sont les maître, oui, les maître du monde et des femmes !"

Quel cinéma pour trois mots égarés ! Je n'en croyais pas mes oreilles, tout somnolant dans mon alcool. Ah oui ? C'est comme ça, faut baratiner et dire n'importe quoi avec assurance, sans papilloter des cils en plantant un regard fixe comme si c'était demain le Déluge.

Non, sous Ararat, ce ne sera plus le Déluge. 
Mais ce sera Babel ! 
Le don des langues, c'est comme l'amour éternel, ça ne marche qu'une fois.


Le marché le plus intéressant, le "Vernissaj", se tient samedi et dimanche dans une double allée proche de la place de la République. C'est une foire à la brocante et un marché de l'artisanat où l'on trouve de tout. Je vous laisse y faire vos emplettes pendant que je cherche quelques bijoux un peu plus discrets que la moyenne pour ma propre famille.







Les tapis du Qarabagh sont très prisés, si j'en crois les prix.







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